À l'image de Lucie, j'ai rencontré Mélanie lors de mon année florentine. Au pair tous deux, nous nous retrouvions sporadiquement à l'heure de la sortie des classes et, plus souvent, autour d'un aperitivo ou d'une bonne bouteille de vin.
Après cette parenthèse italienne, la vie a repris son cours. Nous nous sommes revus plusieurs fois, à Paris d'abord, puis à Londres quand Mélanie s'est installée dans la capitale anglaise et que mon activité m'amenait à aller photographier Incubus ou autres Nothing But Thieves. Hélas, jamais nos emplois du temps respectifs ne nous permettaient d'organiser une séance photo.
Déjà à Londres, Mélanie écrivait. Peut-être même écrivait-elle déjà en Italie ? Toujours est-il qu'en juin 2017, Mélanie publie son premier roman, Une vita pas si dolce (réédité sous le nom de Reste aussi longtemps que tu voudras), qui se déroule à... Florence, lieu de notre première rencontre, avec moult références à des endroits ou des instants que nous avions pu partager alors.
Finalement, au détour d'une visite à Lyon il y a près d'un an déjà, Mélanie a sauté le pas. Et à la veille de la sortie de son nouveau roman, Reviens quand tu veux (éditions Eyrolles), c'est encore elle qui vous en parlera le mieux.
“Le nu est la sincérité du corps : une honnêteté que tout le monde ne peut avoir.”
J’ai toujours eu un rapport extrêmement conflictuel avec mon corps. Je l’ai maltraité, malmené, abîmé, détesté, marqué à vie. Et puis, au sortir de l’adolescence, j’ai entamé un long processus de réconciliation. J’ai commencé par le décorer, l’orner de tatouages comme on repeindrait une pièce de son appartement. Puis j’ai entrepris des travaux de fond : sport, perte de poids, chirurgie. J’apprécie ma silhouette, mais je ne dirais pas que j’aime mon corps. Cependant, c’est le mien, je l’accepte, et désormais, j’en prends soin.
Lorsque je me retrouve face au cruel miroir, j’ai pourtant cet implacable regard. Je le travaille, j'essaye de le façonner positivement, mais c’est compliqué.
Celui de mes proches, plus bienveillant, n’a pas beaucoup d’impact. "C’est parce qu’il/elle t’aime, qu’elle dit cela".
Philippe est un ami de longue date, et à travers son appareil, c’est son art qui s’exprime. Un compromis, en somme, entre la bienveillance de l’ami et la froideur de l’objectif.
Et puis, je me rassurais : ce n’était pas vraiment mon corps, qu’il photographiait. Simplement mes tatouages. Lorsque la séance a débuté, il a pris le temps de me mettre à l’aise (un petit shot de rhum n’a pas été de refus !). On a commencé doucement, en lingerie, puis il a fallu se jeter dans le grand bain. Il a eu la délicatesse de me laisser une serviette pour me couvrir, et j’ai pu offrir mes courbes à la lumière et à l’œil du photographe, à mon rythme.
Poser nue a été jubilatoire, tant pour l’expérience en elle-même que pour le résultat final.
J’ai eu l’audace de me dévêtir, de dépasser mes peurs, de transformer ma pudeur, de m'abandonner à la confiance.
J’ai appris à accepter les marques du temps, à laisser chaque partie de mon corps raconter son histoire.
Je me suis retrouvée, je me suis découverte, je me suis surprise.
J’ai rencontré une beauté que je ne soupçonnais pas. "C’est moi, ça ?"
"C’est toi".
J’ai regardé en moi. J’ai vu au-delà. Je me suis prise à rêver. À vivre mon rêve, celui de m’aimer. Je rêve encore.
Toujours.
Photos réalisées en mars 2018.
© Philippe "Pippo" Jawor
Tous droits réservés.
Retrouvez plus de photos de Mélanie dans la galerie de portraits et dans la galerie privée
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